Il fait chaud

La chaleur, la vraie, celle dont j'entends parler depuis mon arrivée à Madrid ; la chaleur étouffante, irrespirable, la chaleur omniprésente ; cette chaleur-là est arrivée.

Pas trop tôt diront certains. Personnellement, elle aurait pû ne jamais montrer le bout de son nez, je n'aurais pas été déçue. Enfin on s'en accomode. Le bon point c'est que du coup, à l'association, je suis passée aux horaires d'été. Fin du travail à...15 heures. La chaleur a du bon finalement.

Le mauvais côté de la chose c'est que dans mon appartement, à 15 heures, il fait horriblement chaud. La première solution qui s'offre à moi, c'est de faire la sieste. Après tout, je suis en Espagne. Oui mais, faire la sieste quand la température moyenne de ma chambre dépasse largement les 35 degrés, cela se révèle bien difficile. Le corps moite ne supporte aucun mouvement, le drap est déjà humide... Il ne me reste qu'à plonger dans ma baignoire d'eau froide et à y rester le temps que la température corporelle descende...c'est à dire toute l'après-midi.

Au début, téméraire, je ne restais que cinq minutes dans la baignoire pour vaquer à d'autres occupations. Bien mal m'en a pris...En à peine un quart d'heure, je suis tranformée en substance non identifiée flasque et collante. Retour direct donc, dans la baignoire. Sauf que... Une baignoire c'est bien sympa mais c'est un peu réduit comme espace. J'essaye d'esquisser des mouvements de crawl, mais je rencontre immanquablement la céramique. Il me faut donc me mettre debout pour me prêter réellement à la danse du crawl, ( si je suis debout, je ne peux plus décemment parler de "nage"). Oui mais si je suis en dehors de l'eau, la baignoire perd toute son utilité. L'alternative c'est le sous-marin. En plus il est réversible, il fonctionne sur le ventre et sur le dos en sortant les jambes du bassin. Sur le dos, il faut bien penser à boucher le nez. Ah qu'est-ce que je m'amuse ! Oui... faire la grenouille pendant cinq minutes c'est marrant mais...tout de même, je m'ennuie un peu là-dedans. Alors je prends un livre, je fais semblant de m'y intéresser... Peut être que je pourrais plutôt prendre mon portable et me balader sur internet...oui en même temps, je n'ai pas trop envie de terminer comme Claude François... Ah c'est sympa la piscine-baignoire mais on s'y ennuie vite finalement. Je finis par en sortir  en me disant qu'il faut absolument que je me trouve une autre occupation... Et dire que Monsieur Benoît se balade tranquillement en montagne alors que je suis en train de subir une des plus terribles attaque de chaleur qui soit! Il faut que je réagisse. Où puis-je aller ?

Il est vrai qu'en bonne littéraire et adepte des choses de l'esprit, je pourrais aller à la bibliothèque... Soit. Sauf que pour cela, il me faut traverser la moitié de la ville à pieds. Cette seule pensée vient à bout de mes vélléités culturelles. Pour les musées, le constat est identique. Ah quel dommage, il ne me reste qu'à faire les boutiques ! Je crains de n'avoir vraiment aucune autre alternative. Et puis, je trouverais toujours quelque chose à acheter, non ?

Je vois ce que vous pensez, je suis bien une femme. Et vous le pensez bien fort, y associant tout le mépris attribué à cette futilité de fièvre acheteuse exclusive à la gente féminine. Soyez heureux, je n'ai rien acheté, pas même un livre. Je n'ai fait que me reposer et profiter de l'air conditionné de la fnac et du Corte Inglès.

Si je pouvais, je vous enverrais un peu de mon soleil, un peu de ma chaleur. En attendant que les progrès techniques le permettent, je vous embrasse tous bien fort.