En friche
Manifestement à l'abandon
Ou en réflexion
Que sais-je ?
Le temps est long
Manifestement long
A l'abandon
De la réflexion
Inch Allah...satarja; inch Allah...
Manifestement à l'abandon
Ou en réflexion
Que sais-je ?
Le temps est long
Manifestement long
A l'abandon
De la réflexion
Inch Allah...satarja; inch Allah...
A Sana'a, les semaines s'écoulent tranquillement, au rythme souple des départs, des adieux et des au-revoir. Nous laissons donc s'échapper les amitiés vers d'autres horizons et trompons notre nostalgie dans des promenades interminables.
Heureusement, les paysages sanaani restent froids à tous ces chagrins humains,occupés qu'ils sont à l'arrivée des pluies. Ils se plaisent alors à transformer leurs apparences et à se parer de verdures toutes souriantes, pour le plus grand plaisir de nos yeux....
Sur les traces du wadi
Petite Pause
La descente du wadi
Repos bien mérité
Nous revoilà...
Avec beaucoup d'histoires, beaucoup de rencontres, beaucoup d'émotions...
Voici quelques photos de notre quotidien pour illustrer tout cela.
Nos compagnons de route
En marche
Le village enchanté
Quad attitude
De paysage en paysage
La nouvelle pensionnaire : Luna
L'homme et l'animal : Nathan, Lupo, Luna
Nathan et ses copains
Rebeca et Laeti
Il s'en est allé.
Ses yeux sombres interrogateurs
Tournés sur son coeur.
En quête de paysages d'un autre jour et d'air d'altitude, nous avons entrepris hier une marche à travers le temps et les montagnes yéménites en compagnie d'amis "de grands chemins". La balade fut haute en sensations, en rencontres, et en découvertes. Au détour des vallées, des sommets, et des roches volcaniques, nous sommes tombés sur des petits villages isolés dans une autre époque, à quelques kilomètres seulement de Sana'a.
En approchant de l'un d'entre eux, nous entendons des coups de feu. Dans un premier temps, nous pensons qu'ils nous sont destinés. Ceci dit, ils n'ont pas l'air bien agressifs ( vous me direz, des tirs peuvent-ils ne pas être agressifs ? :))...Idiots que nous sommes, nous continuons notre marche en espérant qu'aucun tir ne nous atteindra... A notre entrée par la porte du village, les habitants nous accueillent les bras ouverts et nous expliquent qu'ils célèbrent un mariage. Ceci explique cela ! Tout naturellement, ils nous invitent à nous joindre à eux. Connaissant maintenant la durée des festivités, craignant les effets bucoliques du kat et préférant redescendre avant la tombée de la nuit, nous déclinons l'invitation, en ayant conscience de notre affront. Mes nos hôtes ne se vexent pas outre mesure et attendent notre prochain passage, inch allah il y aura un autre mariage, et nous leur rapporterons ces clichés...
Paysage lunaire
Le village lointain
Le village perché
Allures yéménites
Plantations de sorgho et de maïs...En attendant la saison des pluies qui devrait verdir ces étendues
"Il n'est pas dans tout l'Orient de grande cité qui puisse donner une idée de Sanaa. Ni le Caire, au bord du désert que surveille le sphinx. Ni Damas, reine de Syrie, molle et subtile, noyée dans son verger géant. Ni Jérusalem, bloc compact de voûtes, d'arceaux, de ruelles, d'exaltation, de haine et d'amour.
Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djebels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d'épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa force, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps.
Les maisons forment des alignements sévères. Elles sont hautes de cinq et six étages et faites de pierres si bien ajustées qu'elles tiennent sans ciment ni mortier depuis des siècles. Des bandes de chaux vives éclairent les murs gris et séparent les rangées de fenêtres aux verres multicolores. Chacune d'elles a l'air d'un palais et d'une forteresse. El les ornements de vois ouvragé, sculpté, dentelé, avec une habileté et une patience infinies, donnent une grâce étrange à cette vigueur minérale. Au fond des vastes et mystérieux jardins que l'on devine derrière les enceintes aveugles, le bruit rythmé, gémissant, des poulies d'eau qui ne cesse ni la nuit ni le jour forme le souffle et la voix de cette ville et de son éternité.
Le peuple achève le miracle. Peuple ardent et aimable, pur de traits et de vêtements, qui remplit les souks, les mosquées et les places de son tumulte, de son commerce, de l'éclat de ses armes, de la violence sereine de sa foi. Il est formé de montagnards au pas dansant, de caravaniers hâlés, de Juifs aux longues lévites blanches et bleues, aux yeux intelligents et doux encadrés de papillotes ; de seigneurs à cheval et suivis d'escortes ; de Bédouins sauvages dont le torse nu se voit parmi des peaux de bêtes ; d'askers déguenillés et farouches ; d'enfants beaux et vifs ; de femmes voilées.
Tous, même les plus jeunes garçons et sauf les Juifs, portent à la ceinture d'étoffe qui entoure leurs reins les poignards du Yémen qui, dans un même fourreau, joignent leurs poignées et leurs lames. Tous vont les jambes nues et les cheveux bouclés jusqu'aux épaules. Tous ont la tête haute et le torse droit sur des hanches minces. Ils sont tranquilles, fiers et légers, prompts au sourire comme au meurtre, sans réflexion ni souci, car, sur eux, plantés aux toits des mosquées, des tours et des palais, flottent les étendards de l'Imam, le maître de leur corps et de leur âme, oriflammes pourpres qui portent, incurvé entre sept étoiles blanches, un cimeterre blanc.
Telle était la ville aux portes de laquelle, par ce matin d'automne, Igricheff arrêta Chaïtane fumant."
Joseph Kessel in Fortune Carrée,1930, Chap.2 -
..... Que dire de plus ? En 1930, Joseph Kessel a saisi si justement l'âme et la vie de cette ville qu'il semble qu'il n'y ait plus rien à ajouter. Quatre vingts ans plus tard, lorsqu'à mon tour je foule les ruelles mythiques de la capitale de l'Arabie Heureuse, Sanaa répond parfaitement à cette scène si précieuse qui m'a faite vibrer pendant ces longs mois d'attente. Incroyable...
Igricheff, le bâtard kirghize. Héros imaginaire de Joseph Kessel. Son "bâtard kirghize" entre dans Sana'a par Bab 'al Yemen et s'attache à cette ville pour finalement la quitter, forcé par les volontés supérieures. De là, il entreprend un long périple qui le mènera sur la Mer Rouge, à Djibouti et jusqu'en Abyssinie. Le bâtard kirghize a les traits intrépides de l'aventurier, l'effronterie de l'étranger, la noblesse du sang... du bâtard ! (in Fortune Carrée, 1930)
Comment ne pas rendre hommage à ce héros imaginaire qui nous a menés jusqu'ici, au Yemen, Benoît et moi ??
Nous ne pouvions pas effacer la trace qu'il avait tracée pour nous ; nous nous devions de lui faire honneur.
Le bâtard Kirghize a donc pris les traits de cette terreur des sables, apparue dans notre jardin par un matin ensoleillé du mois de mars, dans un simple carton qu'il avait mouillé de son urine royale ( mais je vous assure qu'il est courageux !)
Kirghize
Un an après, deuxième atterrissage. Je m'aperçois qu'atterrissage s'amuse toujours autant avec les doubles lettres et cela me laisse toujours aussi perplexe... un an après; je m'amuse toujours autant avec les mots. Mais cette fois-ci, ils ont une consonance nouvelle, une articulation inconnue... Dépaysement. Dépaysement total.
Cela fait plusieurs semaines que je veux me remettre sur ce blog pour vous tenir au courant des nouveautés de la vie et je n'y parviens pas ; trop de changements. Un trop plein qui me laisse perplexe et incapable de dire ou d'écrire quoi que ce soit.... Alors, une fois n'est pas coutume, je commencerai ce nouveau chapitre par quelques photos, qui cette fois-ci, sauront mieux vous parler que mes propres mots.
Merci de continuer à me suivre !
A bientôt pour des récits plus explicites :)
Sanaa depuis les montagnes avoisinantes
Dîner dans la vieille ville
vue depuis notre terrasse
la maison
la salle à manger
le salon
la chatte et ses nouveaux nés
Benoît dans son hamac
L'ici et l'ailleurs suivant leur chemin, mes valises se préparent doucement à quitter Madrid.
Je vous prépare des petites anecdotes hautes en dépaysement pour la prochaine destination ; Sana'a, au Yemen. Quelques surprises sont même au programme, alors tenez-vous prêts ; d'ici un mois, on décolle !
La blague de la semaine c'est qu'après la perte d'identité, après la disparition de tout moyen de paiement, après la désertion de la chaudière, c'est au tour de mon compagnon de chaque instant de se mettre en veille: mon ordinateur est en grève technique.
Vous pardonnerez donc mes nouvelles qui vont se faire rares ces jours-ci...et pour le coup, j'ai une bonne excuse !