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Ici et Là
8 juillet 2007

De l'autre côté du col / Ségovie

Mardi 05 Juin 2007

S--govie.jpg

Et ensuite...

 

Ensuite, il y eut l'air. le bol d'air. Enfin. La respiration tant attendue.

 

Madrid, en dépit de son agitation frétillante, de sa vie trépidante, de sa culture foisonnante ; Madrid, en dépit de ses soirées interminables, de ses places animées, de ses parcs aménagés ; Madrid, en dépit de ses rues à monter et à descendre, de ses promenades larges et aérées, de ses pavés lisses et bien ancrés ; Madrid n'offre pas la respiration. Madrid, si elle vit, ne laisse pas respirer. Madrid, malgré elle, étouffe ; Madrid malgré moi, m'étouffe.

Besoin d'air.

 

Mais...Madrid est bien faite. Madrid offre, à quelques pas de ses murs, un coin de verdure, un chêne sous lequel se poser. Et si l'on pousse un peu plus loin, à peine plus loin, on tombe sur de larges étendues vert et or, paisible refuge des âmes mélancoliques. Quelle surprise pour celui qui ne connaît de Madrid que sa vie électrique, de découvrir, à quelques kilomètres à peine, des paysages variés et  vallonnés, des champs et des forêts. Bien sûr, il est nécessaire d'être motorisé, mais l'entreprise n'est pas bien onéreuse et l'expérience en vaut largement la chandelle.

 

Nous partîmes donc, par un samedi matin ensoleillé, à bord d'une ford fiesta métallisée. A l'aventure. Direction ? La montagne. A peine sortis de la capitale, nous rencontrons de nouveaux paysages : de vastes terrrains boisés,  des terres en jachère, des petites collines qui se transforment progressivement en moyennes montagnes.  Et tout cela à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Surprenant.

 

Nous arrivons rapidement dans la petite ville de Navacerrada, à 1200 mètres d'altitude. Plus haut qu'Uriage, si je puis me permettre. En contrebas de ce charmant village, nous sommes acueillis par un immense lac artificiel qu'un impressionant barrage retient avec détermination. Battu par les vents, le lac laisse s'élever de ses entrailles de vigoureuses vagues qui viendraient presque nosu lécher le visage. Nous sommes vivifiés ! Dans le bourg, c'est le jour des élections municipales et régionales. La petite communauté locale est en ébullition et nous découvrons une population animée et enjouée, prète à discuter des prochains résultats. Etonnante atmosphère que cette alchimie de montagne et de touches méditerranéennes.

 

Quelques heures plus tard, nous voilà au coeur de la Sierra de Gadarrama, dans les montes de Valsaín. L'ensemble du domaine est protégé et Benoît ne cesse de s'émerveiller sur la beauté de l'endroit, sur l'efficacité de la préservation. Nous sommes entourés de pins gigantesques qui nous abritent du soleil...ou de la pluie. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne fait pas très chaud. Heureusement qu'en montagnards avertis, nous sommes équipés de plusieurs épaisseurs. Enfin, dans mon cas, c'est tout de même limite :)

Nous marchons avec insouciance jusqu'à rencontrer une rivière ; l'Eresma. Subtile rivière à truites qui rendrait fou mon cher papa. Pleine de dédales et de détours, elle nous perd dans ses bras infinis. Nous découvrons ainsi une splendide clairière qui pourrait recevoir bien des picnics, des jeux de ballons, ou des rêveries solitaires. Mais à notre grande surprise, tout au long de notre randonnée, nous ne rencontrons personne ; pas âme qui vive. Enfin presque. Quelques vaches paissent ici et là ; en liberté ... et cachés derrière les feuillages, une biche et son faon nous observent. Le petit surtout. Le petit nous fixe de ses grands yeux noirs, comme s'il voulait nous demander ce que nous faisons là. J'ai l'impression qu'il nous invite à venir jouer avec lui. Il ne semble pas avoir peur ; il ne semble pas sentir de danger. Mais maman veille. Finalement elle rappelle à l'ordre son rejeton qui s'enfuit dans de grands bonds élastiques. Un instant d'intense émotion.

 

Nous entreprenons l'ascension d'une colline toute de pins vêtue pour nous régaler du panorama qu'offre son sommet. Où sommes-nous ? Sur une île lointaine et inconnue, désertée par toute présence humaine ? Sur quelque terre exotique ? L'illusion est immense. Nous sommes partout sauf à cinquante kilomètres de Madrid. Incroyable. Le lieu est entièrement dédié au calme et au repos.

 

Nous quitons finalement ce lieu idyllique pour rejoindre Ségovie, à quelques kilomètres de là. Sur la route, les pins laissent la place aux forêts de chênes, puis à d'ocres plaines où paissent des moutons. L'arrivée dans Ségovie se fait par la nouvelle ville, qui ne vaut absolument pas le détour. Ségovie par contre...

 

Je dois reconnaître que je l'avais oubliée. J'etais déjà venue dans ses murs il y a maintenant douze ans. Il me reste de cette visite une photo en bas de l'aqueduc romain, avec mes copines Soline et Pétronille. J'ai retrouvé l'endroit exact où nous avions pris cette photo... Rien n'a vraiment changé même si comme partout en Espagne, la ville est en travaux. Quand nos pas nous portent vers la Plaza Mayor, une scène me revient à la mémoire ; celle de l'achat d'une bague avec une belle pierre en  toc vert... C'est étrange ces souvenirs disparus qui remontent à la surface. Il y avait Clémence, Charlotte, Hortense...je ne connais plus personne aujourd'hui. Heureusement que So est toujours là !

La vue qu'offre Ségovie sur les plaines qui l'entourent est merveilleusement reposante. Avec Benoît, nous restons des heures à contempler, à nous abreuver.

 

Le lendemain, nous sommes lundi. Je suis toute contente d'avoir posé ma journée. Les rayons clairs d'un soleil froid viennent nous chatouiller au réveil. Une bonne journée s'annonce. Après avoir pris notre petit déjeuner, nous partons visiter l'Alcazar. Encore une fois, c'est en le voyant que je me souviens. La classe qui marche , Mme Lebigot. Oui je pense bien à elle et je la remercie de m'avoir donné le goût de l'Espagne, de l'histoire de ce pays, et de la langue espagnole.

l-Alcazar-de-S--govie.jpg





Le château porte l'empreinte romaine, l'empreinte musulmane, et l'empreinte chrétienne. Rien de tel pour passionner mon cher et tendre en extase devant les armures médiévales, les plafonds mauresques, et surtout le musée d'artillerie !

 

Après une longue déambulation dans la ville, nous quittons finalement Ségovie pour rejoindre les Montes Valsaín. L'air que nous y avons respiré la veille nous a ensorcelés. Nous décidons de nous y attarder encore quelques heures pour déguster un repas frugal mais qui, en cet endroit magique, est on ne peut plus savoureux. La rivière Eresma berce nos rêveries....Nous aimerions nous attarder en ce lieu des jours et des jours. Mais la vie et ses contraintes sont là, juste derrière le col. Elles nous attendent.

 

Nous regagnons donc Madrid en nous promettant de revenir rapidement dans ces  montagnes oniriques où nous avons bâti le château d'une fin de semaine enchantée.

 

Eresma2.jpg

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