Terre d'orignie

11 juin 2007 

           Ce qu'il y a d'émouvant dans la vie de celui qui vit éloigné de sa terre d'origine, c'est le rapport qu'il entretient avec son pays. Bien sûr, je passe sur les raisons multiples -propres à tout à chacun - qui ont pu motiver l'éloignement géographique, mais je suppose qu'elles ne sont pas nées d'un rejet total de son environnement.

          Supposons donc que j'apprécie mon pays - en l'occurence la France -  avec ses qualités et ses défauts, mais que pour des motifs  variés ( travail, opportunités, amour...élections présidentielles traumatisantes), j'ai dû le quitter. Me voilà donc dans l'ailleurs et dans la découverte d'un pays tout aussi intéressant que le mien, tout aussi vivant, tout aussi riche culturellement. Ce pays offre largement de quoi s'occuper, de quoi admirer, de quoi s'étonner, de quoi flâner, de quoi se distraire.

          Oui, mais... Oui mais ce n'est pas mon pays. Et quand l'ivresse des premiers mois, l'ivresse de la découverte vient à s'estomper, alors... alors des images nostalgiques se substituent au tableau rouge et jaune. Ce sont des images familiales, de repas dominicaux, de vacances à la mer, de balades en forêts ; ce sont des clips d'après-midis heureux, de sorties entre copains, de pique-nique sur pelouse ; et ce sont aussi, bien malgré moi, des videos de flâneries dans Paris, Paris dans toute sa beauté, Paris dans toute sa lumière. Paris en bord de Seine. Paris que j'ai tant craint, Paris que je n'ai pas aimé, Paris qui m'a énervée, Paris qui m'a fatiguée...Et Paris qui me manque. Aujourd'hui, maintenant. Son fleuve me manque. Ses ponts me manquent. Son insouciance me manque. J'aimerais être encore, un soir d'été, au bras de mon amoureux, au bord de cette Seine, assise pour regarder, assise pour profiter, d'un spectacle en plein air, d'une danse impromptue, d'un agile jeu de jambes. J'aimerais savoir la cathédrale Notre Dame sur ma gauche, l'Ile Saint Louis devant elle, et les bateaux-mouches se croisant sur le fleuve. Petite carte postale. J'aimerais plonger dedans, juste un instant.