Expatriation 1

Jeudi 29 mars 2007

Beaucoup me posent des questions sur la raison de ma venue en ce pays étrange. Que fais-je donc exilée au milieu de tous ces Don Quichotte ? Pourquoi suis-je donc venue me perdre au pays de l’huile d’olive et de la paella à gogo ? T'aime pas la France ou quoi ; pourquoi partir toujours ? Pourquoi retourner encore et encore à l'ailleurs ?

Si je m'écoutais, je vous répondrais : ... Mais je vais rester polie. Je vous rassure, je ne suis nullement perdue ici. Je vis sous le même fuseau horaire, je vois le même soleil ( quoi que plus présent ici ), je regarde les mêmes étoiles, et si je le voulais, je pourrais même acheter du camembert...si je le voulais. D’ailleurs, en insistant peu, je pourrais ne parler que le français, écouter Fip toute la journée et vivre dans un monde en bleu-blanc-rouge. Vous n'êtes pas sans savoir que la diplomatie française est l'une des plus présentes à travers le monde ; où que vous soyez chers compatriotes, vous trouverez toujours quelqu'un avec qui argumenter sur qui de Ségo, de Sarko ou de Bayrou ; sur la quiche lorraine avec ou sans fromage. Par contre, je ne vous garantis pas la baguette et les croissants exactement dorés comme au Moulin de la Vierge, mais dîtes-moi sincèrement : partons-nous ailleurs pour retrouver nos petits croissants ?

Vous l'aurez compris ; je travaille, bien malgré moi, dans un milieu très francophone. Je ne vais pas non plus cracher dans la soupe ; ce poste je l'ai voulu et je savais à quoi m'attendre. Maintenant vient la question de savoir ce que l'on fait de son expatriation...Vous connaissez sans doute déjà ses travers :oui, je veux partir à l'étranger, à la découverte de l'autre et de l'ailleurs, mais je suis tellement rassurée quand j'entends le tintement rassurant de ma langue maternelle, quand je trouve des citoyens alliés qui connaissent les vrais valeurs et ont les mêmes repères que moi. Alors le risque est là de me replier sur eux, sur notre petite colonie d'expatriés en terre hostile et de ne vivre qu'une expérience en bulle de verre. Après, chacun fait ce qu'il veut.

En ce qui me concerne, puisque je suis là... autant profiter du pays. Bien sûr, je mentirais en disant qu'il ne manque personne dans cette petite vie de l'ailleurs mais aujourd'hui, mis à par lui ( puisqu'il s'agit bien de lui toujours et encore ), je ne désire rien d'autre tant que de rouler les « r » et de gratter la jota. Je ne vais pas vous payer un laïus sur le lien énigmatique qui m’unit à l'Espagne et à sa langue, mais je vous dirai en un mot : venez-y et vous verrez. En quelques pas rapides, je tiens aussi à vous dire que l’Espagne, ce n’est pas que l’auberge espagnole, l’Espagne ce n’est pas que tapas-caña-playa, l’Espagne ce n’est pas que la guerre civile et les films d'Almodovar. Il faut le voir pour le croire , allors venez-y.